COMMENT PRÉVENIR EFFICACEMENT LE RISQUE D'INTRUSION PHYSIQUE?
- Eykues Consulting
- 13 juin
- 5 min de lecture
Dans un contexte sécuritaire marqué par une diversité croissante des menaces et des adversaires, la prévention du risque d’intrusion physique est devenue un enjeu majeur pour l'ensemble du tissu économique et institutionnel.

Dans certains secteurs, la Direction du Renseignement et de la Sécurité de la Défense (DRSD) a comptabilisé une hausse de 50% des attaques physiques et et de 60% pour les attaques cyber en 2024, ce qui correspond à des centaines d'incidents.
"Les champs les plus visés aujourd'hui sont ceux qui concernent l'aéronautique, le spatial, les technologies de rupture, l'intelligence artificielle, le quantique mais aussi quelques capacités spécifiques comme tout ce qui est lié aux grands fonds marins"
Même mineure, une intrusion peut générer un préjudice considérable: atteinte à l'image de l'organisation, appropriation de secrets industriels, vol de données ou de matériel, atteinte à la sécurité des personnes, paralysie de l’activité…
La prévention des intrusions ne repose pas sur un seul outil, mais sur une combinaison de mesures techniques, humaines et organisationnelles. Il est en particulier essentiel que celles-ci soient déployées de manière cohérente, et que chacune occupe sa juste fonction dans le dispositif global de protection.
Un dispositif de sécurité n’est jamais plus robuste que son maillon le plus faible.

ETAPE 1: Evaluer l'exposition aux risques d'intrusion et identifier les modes d'actions associés
Un des principaux enjeux d'un dispositif de protection contre l'intrusion réside dans le fait que celui-ci soit ajusté aux réalités sécuritaires, stratégiques et économiques de l'organisation. Ainsi, un diagnostic clair permet d’adapter les moyens à la réalité du terrain, sans les surdimensionner ni les sous-estimer. Il s'agit donc de faire preuve de lucidité et de réalisme.
Plusieurs critères nécessitent d'être pris en compte à l'occasion de ce travail d'analyse visant à mesurer l'exposition aux risques d'une organisation (nature de l'activité, attractivité du site, vulnérabilité des installations, impacts potentiels d'une intrusion…). Il est également nécéssaire de cartographier les typologies et les motivations d'intrus potentiels (délinquance d'appropriation, espionnage industriel, sabotage, terrorisme, action militante/activiste…) afin de dégager des modes opératoires possibles (ruse, vive force, opportunité).
Ainsi, chaque site, selon sa configuration et la nature de son activité, présente des scénarii d’intrusion spécifiques, qu’il convient d’anticiper spécifiquement.
ETAPE 2: Raisonner selon un principe de cercles concentriques
Une fois les risques identifiés, l’architecture du dispositif de sûreté peut être pensée selon une logique de trois cercles concentriques. Celle-ci vise à offrir plusieurs couches de résistance et niveaux de filtrage, depuis les abords extérieurs du site jusqu’à ses zones les plus sensibles (qu'il conviendra d'identifier au préalable). On distingue communément le cercle périphérique, le cercle périmétrique, et le cercle volumétrique (qui abrite les valeurs de l'organisation).
Chaque niveau doit être équipé de moyens propres destinés à ralentir, détecter/filtrer l’accès, et alerter en cas d'anomalie. Cette organisation progressive permet de limiter le risque d'intrusion d'opportunité, de complexifier l'évolution d'un intrus plus déterminé ("durcir la cible"), tout en facilitant la surveillance ciblée de certains points stratégiques.
ETAPE 3: Rationaliser le dispositif de contrôle d'accès
Le contrôle d’accès est le premier outil de gestion des flux. Il ne s’agit pas seulement d’installer des lecteurs de badges ou des portiques, mais de bâtir un système hiérarchisé, qui accorde à chacun l’accès strictement nécessaire à ses fonctions. Une technologie robuste, une gestion dynamique des droits d’accès (en prenant garde de bien savoir "qui est qui", voir notre article: fraude documentaire), une traçabilité fine des entrées et sorties et une procédure efficace d'accueil des visiteurs sont indispensables à la prévention du risque d'intrusion. Ce dispositif doit aussi intégrer une politique de gestion des badges et une logique de réversibilité immédiate : en cas de départ de l'entreprise, les droits doivent pouvoir être désactivés sans délai.
ETAPE 4: Ajuster le dispositif de détection intrusion
La détection intrusion permet de détecter l'approche, la pénétration et le déplacement d'un individu dans une zone déterminée afin de pouvoir déclencher une alarme. Outre le positionnement des différents capteurs et détecteurs, l'efficacité du dispositif repose sur deux piliers: la pertinence du déclenchement des alarmes (le déclenchement des "fausses alarmes" conduit trop souvent à la neutralisation de tout le dispositif si elles ne sont pas corrigées rapidement) et la capacité à les exploiter en temps réel. L'alarme doit ainsi être immédiatement reçue et traitée, par une levée de doute (gardiennage ou vidéo) et une intervention lorsque cela se révèle nécéssaire.
ETAPE 5: Optimiser le dispositif de vidéosurveillance
La vidéoprotection complète utilement les dispositifs de détection et de contrôle d’accès. Bien positionnée, elle dissuade autant qu’elle permet de documenter des faits ou comportements suspects (exploitation a posteriori). Elle peut également être pensée en amont, non pas comme une simple couverture visuelle, mais comme un outil intégré de supervision. La vidéosurveillance permet alors d'assister le contrôle des flux, de détecter les déplacements d'objets ou d'individus et de lever le doute en cas d'alarme ou de signalement.
ETAPE 6: Encourager une posture permanente de vigilance
Aucun système de protection technique ne peut être pleinement efficace sans le concours d'une vigilance humaine active. Il est ainsi fondamental d’ancrer une culture de sûreté au sein de l'organisation. Cela suppose de former les collaborateurs, de leur fournir des consignes claires (par exemple au moyen d'une politique générale de sûreté), de les sensibiliser régulièrement aux comportements à adopter, et de les inciter à signaler toute situation non conforme. La sûreté devient alors l’affaire de tous. Elle implique une évolution des mentalités, un ajustement des comportements et une rigueur collective face aux risques. Elle se traduit par une application volontaire et consciente des règles, un esprit critique exercé en continu sur les pratiques et les habitudes, ainsi qu'une vigilance constante. Cette vigilance distribuée est le meilleur rempart contre les risques inhérents à l'élément humain, qui restent, encore aujourd’hui, la principale cause d’intrusion réussie.
ETAPE 7: Conduire des audits de site
Un dispositif de prévention des intrusions, aussi bien pensé soit-il, est en constante évolution. Les menaces évoluent, les usages du site changent, les technologies progressent, et les vulnérabilités apparaissent parfois là où on ne les attendait pas. C’est pourquoi un audit régulier du dispositif de prévention des intrusions est indispensable.
Il s’agit alors d’évaluer l’efficacité réelle du dispositif existant : les procédures sont-elles respectées? Les accès sont-ils bien contrôlés? Les alarmes fonctionnent-t-elles correctement? Les moyens de surveillance sont-ils proportionnés aux risques identifiés? Un audit rigoureux permet aussi d’identifier les écarts entre les pratiques et les documents de référence, les obsolescences matérielles, ou encore les dérives de comportement. C’est également l’occasion de tester les réactions à des scénarios d’intrusion simulés (exercices, tests de pénétration physique, etc.).
En conclusion, un dispositif de prévention des intrusions efficace n’est pas nécessairement le plus coûteux ou le plus technologique, mais celui qui est cohérent, bien calibré et correctement exploité. En associant bon sens, technologie adaptée, organisation rigoureuse et implication du personnel, les entreprises peuvent transformer une contrainte sécuritaire en levier de confiance, de résilience et de performance.
Eykues accompagne régulièrement ses clients dans l'audit de leurs infrastructures. Indépendant de tout autre prestataire de services (gardiennage, inrégrateur...), le cabinet est en mesure de porter un regard objectif et lucide sur la cohérence et la robustesse du dispositif de protection contre le risque d'intrusion.
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